JE SUIS UNE PRECARITEUSE

En septembre 2011, pour la première fois, j'ai eu la joie de participer à la fête de l'humanité, grâce à mes amis du parti. C'était un rêve inaccessible vu mes finances et ce fut un superbe cadeau. Là bas, j'ai pu constater que l'union et la solidarité ne sont pas des vains mots pour tout le monde, que le fait de partager les mêmes idées que ceux qui vous entourent est porteur de beaucoup d'espoir.

 

Au terme de ces 3 jours je me suis rendue compte qu'il me fallait continuer la lutte. Moi qui étais si fatiguée, qui ne voyais pas d'issue à ma précarité, qui m'isolais inexorablement avec mes peurs et mes doutes, il m'a bien fallu reconnaitre que mon enfermement n'arrangeait rien, bien au contraire. J'ai choisi donc de partager et de mettre cette expérience si pénible à vivre en lumière, autant pour moi-même que pour toutes celles qui subissent la même chose au quotidien. Je m'engage donc avec le Parti Communiste, au sein du Front de Gauche, pour lutter contre la précarité et particulièrement celle que supportent les femmes, ces femmes qui n'osent plus parler et qui ont tant à dire. C'est un cri que nous devons pousser même si, parfois, nous sommes à bout de souffle, parce que :

  • La précarité au féminin c'est de trouver au quotidien le moyen de manger à sa faim, de chercher un emploi ou même de se rendre sur son lieu de travail en gardant une dynamique et un optimisme bluffant tout en oubliant le loyer qu'il faudra payer sans omettre les assurances, l'eau, l'électricité ou le gaz, le téléphone et, pour celles qui ont le "bonheur" d'élever seules leurs enfants, la nounou qui les récupère à la sortie de l'école parce que "quelqu'un" a décidé que "travailler plus pour gagner plus" c'est une idée nouvelle et formidable !
  • La précarité au féminin c'est encore de trouver le moyen de rester séduisante, intéressante, enthousiaste, agréable et patiente tout en tenant la maison, faisant les courses et en éduquant les enfants.
  • La précarité au féminin c'est passer devant les magasins en se persuadant que tout ce qui nous plait est superficiel.
  • La précarité au féminin c'est se contenter d'une retraite aussi mince que du papier à cigarette en s'estimant heureuse d'être encore en vie.

Je sais, messieurs, c'est aussi la précarité au masculin.

 

Toutefois, mesdames, ne pourrait on pas faire entendre notre voix aussi ? N'a-t-elle pas autant de poids que celle de nos compagnons ?

 

Nos soeurs ce sont battues au fil des siècles pour que nous puissions travailler, ouvrir un compte en banque, avoir des enfants quand nous le désirons, pour que nous puissions revendiquer nos droits, pour que nous puissions donner notre avis et accéder aux mêmes postes que les hommes, pour avoir notre indépendance, pour que nous puissions voter !

 

Des "Tricoteuses" qui s'invitaient dans le public de l'Assemblée Nationale en 1793 jusqu'aux "Ni Putes, Ni Soumises" de 2008 en passant par les Suffragettes ou encore les 343 Salopes, n'oublions pas qu'elles se sont battues et qu'elles ont contribué à l'amélioration de notre vie quotidienne. Il ne m'est pas possible, aujourd'hui de baisser les bras. J'appelle donc les "Précariteuses" à nous rejoindre afin d'opposer un Front Uni et solidaire aux côtés de nos camarades masculins à ceux qui ont décidé de nier nos difficultés.

 

Dans les années 1980 quelqu'un posait la question : "Où sont les femmes ?" Je peux répondre à cette question car je sais où elles sont la plupart du temps. Messieurs, vos mères, filles, épouses, vos collègues de travail, vos amies sont nombreuses aujourd'hui à se retrouver des heures durant dans les files d'attentes toujours plus longues des institutions d'aides sociales.

 

La politique est l'affaire de tous et de toutes, même les femmes sont concernées, il n'est donc pas acceptable qu'elles s'abstiennent d'intervenir auprès des instances gouvernantes.

 

Je pense que vous comprendrez que ma préférence va à un poète qui nous a dit que "La femme est l'avenir de l'homme". Pourtant j'ai un sérieux doute quant à l'intérêt que l'homme porte à son avenir quand j'observe mes congénères de "n'importe quel pays, de n'importe quelle couleur" comme l'a dit un autre poète.

 

Si je suis parmi vous aujourd'hui, si engagée, si déterminée à vouloir défendre mes valeurs et mon indépendance, c'est que ceux qui ont le plus influencés ma vie et mes idées depuis mon enfance, s'appelaient Georges, Jacques ou encore (et ce n'est pas le moindre, vous en conviendrez) Jean. Enfin bref, si parmi eux il y en a un qui nous a si bien dépeint les mérites des "copains d'abord", c'est à un autre de ses confrères que je me permets, pour clore mon discours, d'emprunter une des affirmations que contient son oeuvre et qui a le mérite de s'utiliser aussi bien au masculin qu'au féminin pour vous répéter que "c'est un joli nom Camarade" et que je suis fière aujourd'hui de le partager avec vous.

 

Annie

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